Obsèques madame Marcelle BAUBIET

2 février 2022

Marcelle BAUBIET nous a quittés le 27 janvier 2022

 

 

                               

 

 

Ses obsèques ont eu lieu en l’église de Pierrelatte le 2 février 2022.

 

Ce fut une grande cérémonie empreinte d’émotion, remarquablement organisée et en présence de beaucoup de monde.

              

 

 

                                   

 

 Se sont exprimés Monsieur SESTON au nom de l’Association des déportés, puis Jean Pierre PLANEL au nom des médaillés militaires

              

 

Le lieutenant-colonel SIRDEY au nom du comité de la Légion d’Honneur de la Drome Provençale, a prononcé l’éloge funèbre de Marcelle BAUBIET.

                                           

                                       

                                                          

                                          HOMMAGE à Madame Marcelle BAUBIET

                                                          résistante  -  déportée

 

                                         RESISTANTE j’ai choisi, DEPORTEE j’ai subi

Telle était la devise de Madame Marcelle BAUBIET, cette femme exceptionnelle qui nous a quittés le 28 janvier 2022 alors qu’elle venait de fêter ses 99 ans. Si nous sommes réunis aujourd’hui, c’est pour assurer, monsieur Gérard BAUBIET, son fils Stéphane et toute leur famille de notre total soutien.

Mesdames, messieurs, chers amis, vous êtes venus nombreux aujourd’hui et je vous en remercie. Par votre présence, vous démontrez l’importance de la disparition de cette Dame qui représentait pour PIERRELATTE le symbole de la résistante pendant la seconde guerre mondiale.

Marcelle BAUBIET est née le 9 décembre 1922 à SERAUMONT, petit village des Vosges. En 1939, elle vit paisiblement dans la ferme familiale, non loin de NEUFCHATEAU, jusqu’à ce que la guerre éclate. Son père, alors maire de la commune et révoqué par le Maréchal PETAIN, entre dans la résistance dès 1940. Toute sa famille, mère, frères et sœurs, est alors concernée. « Pour moi, la Résistance, c’est l’histoire de ma famille qui s’est engagée contre les Allemands et le gouvernement de Vichy, déclare t‘elle ». Dès juin 1940, à 18 ans, elle participe pour aider le passage de prisonniers vers la zone libre. « C’était des sauts de puce, mais on a réussi à faire sortir des personnes avant qu’elles ne partent en Allemagne ».   Même si les Allemands ne sont pas installés au village de SERAUMONT, la région est en zone occupée et la milice surveille les agissements de la population. Les interdictions n’empêchent pas les Résistants de s’organiser. Le père de Marcelle est alors un des chefs de la résistance locale : il forme le maquis OCM de Vaudeville dans la Meuse (organisation Civile et Militaire) qui regroupe près de 300 résistants. La maison familiale devient le théâtre de réunions clandestines nocturnes au cours desquelles s’organisent des actions et s’échangent des informations. Pour sa part, Marcelle est le plus souvent chargée de transmettre des courriers notamment vers Nancy, elle est un relais. Elle se souvient que la milice passait fréquemment, déguisée, dans les maisons pour surveiller et contrôler. « On a toujours été dans le collimateur ». C’est la volonté farouche des Résistants pour s’en sortir qui efface la crainte. La prudence est de rigueur dans la Résistance. Pour chacune de ses missions, réalisées la plupart du temps à vélo, Marcelle apprend des listes par cœur, aucun écrit ne doit être retrouvé sur elle. De même, son père, ne veut aucune liste, aucune arme dans la demeure familiale. Tout doit être caché en lieu sûr pour ne pas compromettre la famille. Les fouilles étaient fréquentes : un jour les Allemands ont même fouillé le jardin et ont cherché sous les plants d’asperge. Parallèlement à ce semblant de vie normale en apparence, Marcelle agit au nom de la Liberté. Permettez-moi de vous retransmettre la flamme de sa motivation : « La Résistance je l’ai CHOISIE : c’est un état d’esprit, un moment fabuleux. Nous étions les maillons d’une grande chaîne, il n’y avait pas de considérations ethniques ou religieuses, nous étions unis pour la liberté. « N’est-ce pas l’affirmation des valeurs de notre Pays (LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE) conjuguée avec l’amour de son prochain !

Le 5 juin 1944, la veille du Débarquement en Normandie, une grande réunion se tient dans la maison familiale. Le réseau de son père enregistre la perte de quatre résistants en septembre 1944, mais il empêche les Allemands de dynamiter les ponts sur la Meuse, ce qui aurait bloqué l’avancée des Alliés vers l’Est. Suite à une dénonciation, Marcelle, sa mère et sa sœur sont arrêtées par la Gestapo le 20 juin 1944. Alors que sa sœur est relâchée, Marcelle et sa mère sont emprisonnées à NANCY, puis dirigées en région Parisienne pour être déportées à RAVENSBRUCK, Allemagne, l’enfer des femmes. Elle devient le numéro 46913 qu’elle conservera sur son bras gauche comme une tache indélébile. Elle vit l’indescriptible et l’inimaginable de la souffrance « Vous savez, les chambres à gaz ça a vraiment existé. Il y avait les travaux forcés : les réveils à 3 heures 30 du matin pour aller construite des routes par des températures qui descendaient jusqu’à moins 28 degrés, sans vêtement chaud. Mais le pire n’est pas là : il est dans la vision de ce douloureux souvenir : une troupe d’enfants envoyés en musique aux chambres à gaz. Pendant ces terribles moments notre vie ne tenait qu’à un fil ou plutôt à quelques os fragiles sur une peau décharnée. Nous restions solidaires, c’est comme ça qu’on tenait. Déportée, j’ai subi mais je n’ai jamais eu peur et je n’ai jamais pleuré".

C’est finalement le 1er mai 1945 que l’horreur prend fin pour Marcelle et sa mère. Elles sont délivrées et conduites au Danemark où elles sont prises en charge par la Croix Rouge. Elles sont ensuite transférées  en Suède avant de regagner la France. La guerre terminée, Marcelle rencontre en 1947 Gérard, sous-officier au 4ème Cuir de Reims : elle se marie en 1949. Elle abandonne son idée de devenir infirmière et se consacre à son mari et ses trois enfants, Jean Claude, décédé à la naissance, puis Joëlle et Stéphane. En 1967, le couple s’installe dans le sud, à MONTELIMAR puis à PIERRELATTE. Elle vit des jours heureux au sein de sa famille : entourée par ses enfants, ses six petits-enfants et ses 5 arrières petits-enfants qu’elle adorait.

Mais un souci l’a toujours inquiétée : le chômage et certaines idées fascistes qui peuvent ressurgir dans cette société contemporaine. « Il faut être vigilant et garder en mémoire ce qui s’est passé disait elle ». C’est pourquoi elle s’investit pendant plusieurs années dans la transmission du devoir de mémoire, dans les établissements scolaires. Toujours présente dans les commémorations, elle refuse d’y participer assise sur une chaise. Volontaire et d’une grande force de caractère, elle a voulu conserver un comportement digne, à l’image de la DROME DEBOUT, du mémorial de MIRMANDE.

Femme exceptionnelle, au destin exceptionnel, Marcelle BAUBIET, est titulaire de nombreuses décorations : croix de guerre avec palme -croix du combattant volontaire de la résistance - médaille d’argent de la reconnaissance française – médaille de la déportation – médaille des blessés - Titulaire de la médaille militaire, Marcelle s’est attachée tout naturellement à appliquer la devise de cet Ordre (VALEUR et DISCIPLINE). Les valeurs de la République : LIBERTE  - EGALITE – FRATERNITE, lui étaient chevillées au corps.

Nommée chevalier puis promue Officier de la Légion d’Honneur, elle a fait sienne la devise de ce premier Ordre de la France (HONNEUR et PATRIE). C’est en résistant et en relevant la tête devant l’ennemi et dans les camps de déportation qu’elle a fait honneur à son Pays. Pour parvenir à ce résultat elle a certes été aidée par une grande force de caractère mais aussi par une très grande foi en sa Patrie.

Fait extrêmement rare, tous les membres de la famille de madame BAUBIET, à l’exception de sa sœur, ont été cités dans l’ordre de la Légion d’Honneur.

 

 

Marcelle BAUBIET, nous a quittés discrètement, mais elle nous laisse un parcours de vie EXCEPTIONNEL. C’est un exemple que nous devons prendre en référence parce qu’il participe d’une action de RESISTANCE FRANCAISE qui nous permet maintenant de vivre libre. Cet exemple nous devons impérativement le retransmettre à nos enfants et petits-enfants.

Plus que jamais le nom de Marcelle BAUBIET, mérite d’être inscrit dans le marbre de l’histoire communale de PIERRELATTE. 

                                                                                             à  Pierrelatte le 2 février 2022

                                                                                             Le lieutenant-colonel (er) Marcel SIRDEY,                                                                                                         président du comité  SMLH de la Drôme Provençale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Puis ce furent Monsieur Alain GALLU Maire de Pierrelatte et Mme Marie Pierre MOUTON présidente du conseil départemental qui se sont exprimés.

           

Monsieur Alain GALLU, Maire de Pierrelatte a rendu hommage « à l’une des grandes figures pierrelattines ».

Résistante, puis déportée  à Ravensbrück, Officier de la Légion d’Honneur, elle aimait partager, transmettre l‘histoire de sa vie, pour que nous n’oublions jamais l’horreur et la barbarie de la Seconde Guerre Mondiale. Elle incarnait la Résistance et ses combats.

Cette femme de valeur et d’engagement, qui allait souffler sa 100èeme bougie le 9 décembre prochain, va laisser un vide immense dans notre commune.

Au nom de l’ensemble du Conseil Municipal, je tiens  à adresser nos plus sincères condoléances à sa famille et ses proches. Nos pensées les accompagnent.

 

 

 

Représentaient la Légion d’Honneur :

Le général VAN DUYNSLAGER président de la section de la Drome, Mme Christiane DELPHIN POULAT, Mme Suzanne FRA, Le lieutenant-colonel Marcel SIRDEY président du comité de la Drome Provençale, Jean MOUTON, le colonel Jean Claude BERTRAND, Marcel DE PROOST, Richard IMBERT, Claude GORCE, Jacky FRA et Jean POUPIN porte drapeau.

 

                             

 

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