JOURNÉE NATIONALE DE LA RÉSISTANCE

26 mai 2018

Devant le monument aux morts de Pierrelatte, s’est déroulée la cérémonie de la Journée Nationale de la Résistance, en présence en particulier de Mme la Sous-Préfète  de Nyons, de Mme Marie Pierre MOUTON et M. Fabien LIMONTA du conseil départemental.

                

Il a été demandé à notre président , le lieutenant colonel Marcel SIRDEY, de faire un exposé sur la résistance dans la Drôme, nous reproduisons ci-dessous son allocution.

                                                    

DISCOURS  du 27 mai 2018, journée nationale de la RESISTANCE, par le lieutenant-colonel (er) Marcel SIRDEY, président du comité de la Légion d’Honneur de PIERRELATTE

C’était il y a déjà 78 ans, le 18 juin 1940, dans son message qu’il adresse aux français,  le général de Gaulle conclut : «  quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Résistance,… de nom commun, avec un « r «  minuscule, dans ce discours, le terme va rapidement devenir nom propre, avec un « R « majuscule.

Selon  François  MARCOT, auteur de l’Histoire sociale, la RESISTANCE  est un combat volontaire  et clandestin contre l’occupant ou ses collaborateurs afin de libérer le pays.  Résister c’est réagir. On ne peut qualifier de résistance un sentiment ou une réflexion  intellectuelle. On ne résiste pas dans sa tête. La résistance est une action.

Les débuts de la résistance en 1940 sont marqués par des engagements isolés, à titre individuel, sans mot d’ordre, sans lien entre eux.  Des mouvements divers se mettent en place et se structurent progressivement. Une organisation  nationale est créée  en  1942 ; l’armée secrète  sous l’autorité d’un chef : Jean MOULIN.  Désormais considérée comme un élément sérieux  et qu’il faut  combattre, la RESISTANCE va être durement éprouvée.

La Drôme n’échappe pas à cette  épreuve car elle  est le deuxième département en France au titre de la résistance pendant la guerre de 39/45. L’exemple marquant est le massacre par les allemands entre le 21 et le 23 juin 1944  d’une partie des  résistants du VERCORS  à VASSIEUX et de la population ainsi que  la destruction à 98 % de cette commune

 Le deuxième  est celui de DIEULEFFIT. Cette commune  a été de 1940 à 1944,  grâce à la maison SOUBEYRAN, un centre de rassemblement de nombreux intellectuels, proscrits d’antis-nazis et de juifs.

Plus près de nous,  un autre exemple  tout aussi mémorable, a rassemblé  au printemps 2017,  680  scolaires CM1 et CM2   du département de la Drôme pour une journée de souvenir à MIRMANDE. La cérémonie  dont il s’agit, commémore la bataille de MONTELIMAR au cours de laquelle  les résistants locaux ont  largement contribué au blocage des forces allemandes en aout 44.  A l’image du  caractère trempé de ce département, le monument qui a été inauguré en 1993 est posé debout, bien  droit   vers le ciel,  pour rappeler l’ESPRIT de RESISTANCE qui a animé la population  pendant la  guerre. Permettez- moi de remercier  les chefs d’établissements scolaires de PIERRELATTE, SUZE la ROUSSE et GRIGNAN pour leur engagement et l’aide qu’ils nous apportent dans la transmission du devoir de mémoire.

Certains  de  nos concitoyens se sont comportés  comme des héros en faisant de la résistance  leur choix de vie:

Simone BOIREL, propriétaire d’une hostellerie à PIERRELATTE est devenue agent de renseignement dans le réseau de Michel HOLLARD, celui qui permit la découverte des camps de lancement des V1, en seine inférieure. Arrêtée par la gestapo en 1943 et incarcérée  à MARSEILLE elle a été libérée par l’arrivée des américains en 1944. PIERRELATTE  a reconnu son héroïne en  donnant son nom à une  voie jouxtant le champ de mars. Mais lorsqu’on parle de madame BOIREL on se doit de souligner  que son action   n’aurait pas été possible sans l’aide de son assistante alsacienne et traductrice, Bérangère REYNIER.

René SESTON a entretenu des liens très étroits avec la résistance. Ses relations l’ont conduit aux réseaux FTP  voisins, et à cacher, avec l’aide de son épouse, des patriotes. Il a   participé aux ravitaillements  des maquis en cours de formation. Arrêté le 19 février 1943 après une distribution de tracts condamnant le STO,  il a été dirigé sur la centrale d’EYSSE, puis à DACHAU d’où il est revenu en mai 1945. René SESTON était un amoureux de sa ville, il était normal que PIERRELATTE donne son nom à un espace vert et fleuri à côté du moulin.

 Victor PAGES, gendarme, marié à PIERRELATTE en 1941 et résistant,   a été fusillé le 10 juin 1944 avec huit de ses camarades de la brigade de gendarmerie de LA TOUR du PIN (Isère). Inhumé  à PIERRELATTE, une rue de la ville porte son nom.

Jean BRINGER, aimait aussi beaucoup PIERRELATTE pour y avoir grandi auprès de sa grand-mère. Grand chef de la résistance Audoise, il a été fusillé par les allemands le 19 août 1944. La ville de PIERRELATTE  a baptisé une rue Jean BRINGER.

Le général GIRAUD de  Saint RESTITUT, alors lieutenant de gendarmerie pendant la guerre, a fait partie de l’équipe de DIEULEFIT, chargée des atterrissages et parachutages. Puis il a pris contact avec le chef de l’Armée Secrète de Drôme sud et a été chargé de la formation de  la 8ème compagnie dans secteur du Tricastin. Après une série d’embuscades et de destructions sur les voies ferroviaires et routières, il a pris une part active à la libération de MONTELIMAR.

Marcelle BEAUBIET,  a fait de la résistance à l’âge de 17 ans avec  son père, son frère et sa mère. Arrêtée sur dénonciation elle a été déportée avec sa mère et sa sœur à RAVENSBRUCK en juillet 1944.

Louis HETTE, a participé au sabotage d’un train allemand dans le Diois qui  a fait 19 morts. Arrêté avec 56 autres personnes il a été  déporté en décembre 1943 à BUCHENWALD puis FLOSSEMBURG. Parmi  nous, il faut citer également  Richard IMBERT qui  dès l’âge de 18 ans   consacre  sa vie  à la défense de nos idéaux en s’engageant dans la résistance puis en participant au débarquement en Provence.

On ne peut pas aborder la résistance  à PIERRELATTE sans évoquer l’action courageuse du docteur JAUME, ancien maire de PIERRELATTE  et de son épouse, qui dans un premier temps se sont portés  au secours des blessés du train mitraillé en aout 1944  et dans un deuxième temps n’ont pas hésité à cacher Raphael  JIMENA,  lui permettant d’échapper à une triste fin.

Il ne faut pas oublier aussi  certains enfants qui, bien que jeunes à cette époque, ont participé à des actions de résistance sous l’autorité de leurs parents : surveillance, renseignement. Je suis convaincu que quelqu’un ou quelqu’une  parmi l’audience se reconnaitra. Ils doivent être aussi remerciés.

 Le comportement  des résistants de la Drôme et de PIERRELATTE en particulier,  pendant la guerre de 39/45,  est  un modèle que nous devons suivre en cas de nécessité. Mais pour cela, il faut avoir du courage,  c’est pourquoi  je vous invite à  méditer la citation d’André MALRAUX, du 19 décembre 1963, dans son éloge funèbre à  Jean MOULIN,  aux Invalides,  en s’adressant à la jeunesse de France : « aujourd’hui, jeunesse, puisses-tu penser à cet homme comme tu aurais approché tes mains de sa pauvre face informe du dernier jour, de ses lèvres qui n’avaient pas parlé. Ce jour là, elle était le visage de la France ».  

 

 

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